Tracer le chemin vers là où l’eau s’écoule

À Six Nations de la rivière Grand, territoire des Premières Nations le plus populeux au Canada, l’eau représente bien plus qu’un besoin essentiel. Elle est sacrée, tissant un lien entre la santé, la terre, la culture et les générations futures. Pourtant, plus de la moitié de la population fait toujours face à des difficultés d’accès à une eau potable, propre et sécuritaire.
En 2025, la communauté a répondu en lançant le projet Ohahodǫ́gyeʔ tsęh Ohnegahdę́gyo (un chemin vers là où l’eau s’écoule). Codirigé par Six Nations Polytechnic, en collaboration avec l’Université McMaster, Six Nations Health Services et la Fondation One Drop, et guidé par les Aîné·e·s, les gardien·ne·s du savoir et les jeunes, ce projet allie les connaissances haudenosaunee et la science afin d’améliorer la sécurité hydrique. Par l’entremise de rassemblements communautaires en l’honneur de l’eau, de formations en sciences, technologie, ingénierie et mathématiques (STIM) pour les jeunes, de la surveillance mobile de l’eau et d’une planification à long terme, ce projet renforce les capacités locales et crée un espace où la communauté peut définir son propre avenir hydrique.
Le 3 juillet 2025, Chiefswood Park s’est animé d’une énergie festive alors que près de 400 membres de la communauté se sont réunis pour une célébration de l’eau, organisée conjointement par Six Nations of the Grand River, One Drop et des partenaires locaux. Sous le soleil d’été, des courses de kayak ont déferlé sur la rivière, des Aîné·es ont transmis des récits porteurs de l’héritage des générations passées, et plus de 20 kiosques ont mis en lumière des initiatives communautaires plaçant l’eau au cœur de la vie à Six Nations.

Festival Teiethinonhwera:ton ne Ohne:kanos (« Rendons grâce à l’eau »). Projet Ohahodǫ́gyeʔ tsęh Ohnega̱hdę́gyo, Fondation One Drop. Crédit : Hermann Lampron.
« L’eau est une ressource essentielle. Le festival a pour objectif d’en rappeler toute l’importance. Non seulement en ce qui concerne l’eau elle-même et l’histoire qui l’entoure, mais aussi quant au lien culturel que les peuples autochtones entretiennent avec elle, démontrant à quel point elle est précieuse et sacrée. »
participant du festival et membre de la communauté de Six Nations
Du 21 au 25 juillet, quinze élèves et trois jeunes leaders de Six Nations ont participé au tout premier camp consacré à la gestion de l’eau, alliant les savoirs écologiques traditionnels (TEK) et les STIM.
La semaine s’est déroulée comme un véritable voyage de découverte. Elle a débuté à Six Nations Polytechnic avant de se poursuivre sur le campus de McMaster, où les jeunes ont relevé des défis liés à l’eau à travers les enseignements culturels et les pratiques scientifiques. Ils ont prélevé et analysé des échantillons d’eau, participé à des marches médicinales guidées par des Aîné·es, expérimenté l’impression 3D et contemplé les étoiles au planétarium W.J. McCallion de McMaster. À chaque étape, les Aîné·es, les gardien·ne·s du savoir et les scientifiques les ont accompagnés, contribuant à former la relève en matière de protection de l’eau.

Projet Ohahodǫ́gyeʔ tsęh Ohnega̱hdę́gyo, Six Nations Polytechnic. Crédit: Ryan Johnson.
Des données probantes, détenues par la communauté, sont indispensables pour prendre des décisions visant à préserver la santé, la terre et la culture. À cette fin, le projet met en place un laboratoire mobile de surveillance de la qualité de l’eau à Six Nations of the Grand River. Il s’agit d’un espace pratique où les membres de la communauté pourront réaliser des tests périodiques sur le terrain, analyser les résultats et utiliser ces données pour orienter la planification future et assurer la pérennité de l’eau.
Au-delà du laboratoire, les partenaires communautaires travaillent ensemble à l’élaboration d’un protocole de partage des connaissances, afin de garantir que les résultats demeurent transparents, accessibles et respectueux de la souveraineté des données autochtones. En confiant la gestion de l’information sur l’eau à la communauté et en l’arrimant avec les valeurs haudenosaunee de protection et de responsabilité, le projet renforce à la fois les compétences et la confiance collectives. Il donne ainsi à Six Nations les moyens de veiller sur son eau, de la préserver et d’en façonner l’avenir.
Selon la vision du monde haudenosaunee, la santé, la terre et l’eau sont indissociables. Porté par cette philosophie, le projet Ohahodǫ́gyeʔ tsęh Ohnegahdę́gyo se déploie en plusieurs phases :
La phase 1 (2025–2026) vise à poser les bases avec le lancement d’un laboratoire mobile de surveillance de l’eau, la formation des jeunes et la co-élaboration de pratiques dirigées par les Haudenosaunee. Parallèlement, le groupe anime des dialogues communautaires pour définir des priorités communes en matière d’accès à une eau propre et sécuritaire.
La phase 2 (2026 et au-delà) s’appuie sur ces acquis afin de renforcer l’accès à des services d’eau durables, en explorant des infrastructures hydriques comme des puits conçus par et pour la communauté. Ces initiatives seront orientées par les priorités de Six Nations et par une consultation continue avec les instances dirigeantes.
Au fur et à mesure que le projet progresse, Six Nations of the Grand River trace son propre avenir hydrique, en prenant des décisions ancrées dans les enseignements ancestraux, éclairées par la science et portées par la communauté elle-même. Cette démarche s’inscrit dans le Programme autochtone des alliés pour l’eau, qui met les solutions dirigées par les peuples autochtones au centre de la sécurité de l’eau au Canada. Nous exprimons notre gratitude aux partenaires qui rendent ce programme possible et qui s’engagent à garantir une eau sûre pour l’ensemble de la population.
Dans cet esprit de collaboration avec des organisations, fondations et entreprises partageant cette vision et convaincues de l’urgence d’agir sur les enjeux systémiques liés à l’eau potable et au climat, nous lançons un appel à la communauté canadienne engagée dans des initiatives d’eau durable. Nous l’invitons à communiquer avec Lauren Alcorn, directrice principale des partenariats stratégiques et des relations gouvernementales, pour échanger sur les possibilités d’apprentissage et de partenariats.